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RÉCIT D'anciens soldats racontent leur Débarquement dans le «train des vétérans» qui les mène de Paris à Caen ce vendredi.

La clémence du temps, 70 ans après le D-Day, fait sourire Hubert Faure, membre du mythique commando Kieffer. Le 6 juin, il a du affronter le froid, après trois mois de préparation dans le froid polaire qui s’était abattu sur l’Ecosse où il se souvient d’un «entraînement draconien». Aujourd'hui, il raconte, à bord du «train des vétérans» qui mène ce vendredi matin d'anciens combattants de Paris à Caen et quelques ministres et officiels. «Nous avons été mis au secret dès le 25 mai à Southampton dans l’est de l’Angleterre, explique le vieil homme massif. Nous savions déjà quelle allait être la suite des opérations.»

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Béret vert vissé sur la tête, légion d’honneur au col, Hubert Faure, «100 ans depuis le 28 mai», se souvient parfaitement de ce débarquement sur la plage de Ouistreham. «Nous étions 177. Le 6 juin, nous avons débarqué à l’aube et sur les plateformes, il y avait déjà des blessés et des morts. Nous avons dû les enjamber pour sauter à l’eau. Je revois encore ces corps partout. Nous étions entourés de destroyers et de cuirassés. Nous avons réussi à regagner la plage et à rejoindre notre point de rassemblement qui était une ancienne colonie de vacances. Je commandais la première section. Avec le commandant Kieffer, nous avons ensuite poursuivi vers le casino de Ouistreham, détruit par les Allemands en 1942, qui avait été transformé en bunker. C’était l’un de nos objectifs ce jour-là. On y est parvenu mais nous avons perdu dix camarades ». Les hommes du commando Kieffer ont ensuite gagné le pont tournant dit Pegasus Bridge d’où sont parties les troupes qui devaient libérer quelques heures plus tard, le village d’Amfreville. Une longue séquence du film Le jour le plus long retrace la lutte des hommes de Kieffer.


Deux mois plus tard, Hubert Faure reçoit des éclats d’obus dans la colonne vertébrale, sans en garder de séquelles. Après
avoir été soigné, il repart au combat et rejoint le commando Kieffer en Hollande où les soldats avait progressé via la Belgique.
PARACHUTISTE ALLEMAND ET SOLDATS RUSSES
A quatre rangs du centenaire venu avec sa fille et son petit-fils assister aux commémorations, un ancien officier allemand est aussi du voyage. Parachutiste, il fut blessé en Normandie et refusa ensuite de combattre d’où sa présence dans ce train à quelques sièges de ses anciens ennemis. Parmi les vétérans réunis pour ce voyage, se trouvaient aussi d’anciens soldats russes, anciens combattants sur le front de l’est, des «dissidents» guyano-antillais qui avaient quitté les territoires d’Outre-mer pour participer notamment au débarquement d’août 1944 en Provence et d’anciens combattants des Forces aériennes françaises libres (FAFL).
Jean Hautot, avait 18 ans en 1944, et se fait toujours surnommer «le gamin» par ses camarades assis avec lui Armand Vergne et Jean Billaud qui souligne qu’à 90 ans et des poussières, il saute toujours, chaque année, en parachute, «à 2000 ou 3000 pieds». Jean Hautot était sergent-chef dans les bombardiers FAFL qui ont préparé le terrain le long des côtes normandes «Notre groupe avait intégré la Royal Air Force, rappelle-t-il. Nous étions donc basés en Angleterre. Nous avons participé aux batteries côtières les 2, 3, 4, 5 juin en vue de l’arrivée des troupes. Le 6 juin, je suis resté à la base de York en Angleterre car j’étais trop jeune.» Leur venue à ce soixante-dixième anniversaire vaut aussi piquûre de rappel pour une histoire qui les a souvent mis de côté. «Dites bien que nous somme des minorités agissantes, souligne Jean Billaud. On a toujours très peu parlé de nos actions car les Français libres n’ont jamais été très bien vus. Mais nous étions bien là».
MARIE OTTAVI ENVOYÉE SPÉCIALE EN NORMANDIE 6 JUIN 2014 À 15:15